\ Avril 2025
Il est
constant que le juge pénal n’est pas tenu de respecter les
conditions posées par le droit social pour indemniser les
préjudices causés à l’employeur par l’infraction pénale d’un salarié.
Une
récente décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation vient
confirmer cette autonomie du droit pénal du travail par rapport aux principes
généraux du droit social (Cass. crim., 14 janvier 2025,
n°24-81.365 F-B).
En
l'espèce, M. [R], salarié d’une société, a été condamné par le tribunal
correctionnel pour conduite sous l'emprise de stupéfiants et pour excès de
vitesse, ayant causé un accident de travail durant lequel le véhicule de la
société (l’employeur) a été endommagé. Le tribunal et la cour d’appel
avaient jugé que M. [R] devait indemniser son employeur pour les dommages
matériels causés à son véhicule par l’accident. M. [R] a formé un pourvoi en
cassation, arguant que sa responsabilité civile envers son employeur ne pouvait
être engagée qu’en cas de faute lourde ou d'infraction intentionnelle,
conformément au droit social.
Confirmant
l’autonomie du droit pénal du travail, la Cour de cassation a rejeté ce
pourvoi, affirmant que la réparation du préjudice causé par une
infraction pénale ne relève pas des principes posés en cas de responsabilité
civile du salarié, et qu’il n'était ainsi pas nécessaire de
démontrer une faute lourde ou une intention de nuire pour
obtenir l'indemnisation du préjudice matériel subi par l'employeur.
Par
ailleurs, l’arrêt réaffirme que l’indemnisation du préjudice de
l’employeur ne représente pas une sanction pécuniaire de l’employeur
vis-à-vis du salarié, prohibée au titre de l’article L1331-2 du code du
travail.
Il
s'inscrit dans la continuité des principes du droit pénal du travail, moins
protecteur du salarié que le droit du travail. Il accorde une grande importance
à la sanction des comportements délictueux des salariés, tout en garantissant
aux employeurs une réparation de leurs préjudices.
Ainsi,
cette décision démontre qu’en cas d’infraction pénale du salarié, l’employeur
peut obtenir indemnisation plus facilement que dans les conditions des
principes généraux du droit du travail qui exigent une faute lourde pour
pouvoir engager la responsabilité personnelle du salarié.
Nous
restons à votre disposition pour toute question concernant ce sujet que nous
suivons attentivement.